Vol.2 - Trance Classics

Un immense merci aux 71 premiers abonnés. On sait tous que c'est dur de commencer à danser quand la piste est quasi-vide 💪

Allez Làààà
6 min ⋅ 11/10/2022

Cette semaine je me suis dit que ce serait cool de démarrer direct avec la playlist. Elle contient tous les sons et toutes les références dont on va parler ensuite. 👇

Boom, pas le temps de niaiser, c’est parti pour l’épisode 2.

Il y a deux semaines, on démarrait tranquille avec le style de musique électronique le plus jovial de la bande : l’Eurodance. Aujourd’hui c’est l’occasion de se rappeler cette phrase de Derrick May, un des 3 fondateurs de la techno (on y reviendra) : « You don’t do music for fun ». Prends ça dans ta gueule Aqua. Et ouai, fini de coller des gommettes dans nos agendas Diddl, cette semaine on va parler de vraie Trance.

Direction le berceau donc : Berlin, juste après la chute du mur. En 89, démarre dans la capitale allemande une période ultra-permissive où les flics ne contrôlent plus grand chose. Les jeunes de l’Est viennent acheter des disques et des platines à l’Ouest. Les jeunes de l’Ouest se réfugient à l’Est pour faire la teuf nuit et jour loin des boites à champagne. Ça danse au groupe électrogène dans d’anciennes centrales électriques et dans des coffres-forts de l’ex-RDA. En quelques mois, Berlin se prend de plein fouet la vague techno qui déferle depuis quelques années déjà en Angleterre.

Le truc c’est que le Berlin de l’époque ce n’est pas l’Angleterre de Thatcher. Les jeunes ne cherchent pas dans la techno une manière de militer contre une oppression politique ou raciale. Au contraire. A Berlin c’est la libération. Nulle part ailleurs dans le monde, le besoin de communion et d’amour n’est aussi fort. Pour accompagner cette époque, il va falloir une bande son moins violente et revendicative que le techno de Détroit. Moins abrupte et punk que l’acid house de Manchester. Une musique qui tape et qui libère les corps après 30 ans de vie sous contrôle mais qui garde quand même une certaine sensualité. Bref un truc libérateur et plein d’espérance qui fasse oublier les vieux fantômes de la guerre froide. 

TRANCE MUSIC IS BORN. 

A ce moment là de l’histoire, la musique remplit parfaitement sa fonction. On a besoin de dépasser des différences de culture, de reconstruire des ponts plutôt que des murs et de faire des bonnes grosses teufs tous ensemble entre frères. Et paf. On produit quoi ? Des tracks au beat ultra-enveloppant mêlées à des nappes de synthé euphorisantes. Le tout associé à des vocales qui sonnent comme des incantations voodoo universelles. C’est ça la trance et ça ne pouvait naitre qu’à Berlin. C’est cette nouvelle musique qui réunira une génération entière d’européens dans les rues de Berlin lors des LOVE PARADE et qui deviendra l’hymne de ces zozos en habits fluo. 

Pour bien comprendre ce délire musical qui a dominé l’Europe pendant une dizaine d’années, il y a deux tracks fondatrices. Le yin et le yang de la trance si on veut.  

  • Côté yang, c’est « The Age of Love » de Jam & Spoon. Là on est les deux pieds dans un style club un peu vénère avec juste ce qu’il faut d’effets pour rendre le son envoutant. C’est hyper efficace et ça rend le public dingue encore aujourd’hui. Nina Kraviz, qui a largement participé au revival de la trance sur la scène techno actuelle, la joue régulièrement en closing

  • Du côté yin, c’est le remix de « Love Stimulation » (Humate) par Paul Van Dyk qui restitue à la perfection le côté contemplatif et médidatif de la trance. C’est un énorme classique du genre notamment car Paul Van Dyk est un MONUMENT de la musique électronique tout court. Originaire d’Allemagne de l’Est, il a été le pionnier du style trance au début des années 90 par ses productions perso (ex : For An Angel) et ses collaborations avec d’autres artistes mythiques comme Energy 52 & Kid Paul (et leur sublime hommage au Café Del Mar d’Ibiza). Par la suite, il a été le premier artiste de musique électronique à avoir été nominé aux Grammy Awards. En place.

Ces 2 tracks synthétisent parfaitement l’histoire d’un genre musical qui ramène une forme de chaleur et de sensibilité au boom boom indus des clubs de l’Est Berlinois. Rapidement beaucoup d’artistes rejoignent le mouvement, des labels se montent et la Trance inonde l’Europe (comme Denis Vierhouten et Eurodiscount)

  • C’est le cas ailleurs en Allemagne comme à Francfort par exemple. Ville du grand Sven Vath, fondateur des labels Eye Q & Cocoon. Sven a moins de cheveux qu’à l’époque mais reste encore une énorme pointure techno. Il est notamment l’auteur de L’Esperanza et a fait partie de ceux qui ont donné une dimension « psy » à la trance. GOA, LSD, tu connais. 

  • Au UK le label Hooj Choons sort les classiques Greece 2000 de Three Drives, Sacred Cycles de Pete Lazonby et Netherworld de LSG. 

  • Aux Pays Bas, l’énorme reusta Armin Van Buuren crée Armada Music et réinvente le Adagio for Strings du compositeur Samuel Barber. Si jamais ton papi aime le classique ça te fait un sujet de conversation à Noel. 

  • En Italie avec Media Records, label du génial DJ Taucher et de Mauro Picotto qui nous a gratifié d’un remix trance bien cliché de la musique du gel douche Ushuaia

  • Même sur F Communications le label de notre Laulau Garnier national, on sort de la trance avec le groupe Aurora Borealis notamment.

  • Enfin on ne peut pas parler de trance sans évoquer Bonzai Records, mythique label de Yves Deruyter (auteur de The Rebel). C’est tout simplement une mine à classiques : Cherry Moon Trax, Push, Blue Alphabet. Regardez l'efficacité 👇

Bref, pléthore d’artistes qui, depuis quelques années, reviennent sur le devant de la scène poussés par une nouvelle génération de DJs hyper friands de leurs productions. Ça ferait le sujet d’une NL à part entière mais il faut absolument que je cite le label danois Kulor, mené par Courtesy, qui a totalement remis la trance sur orbite à l’image de cette Boiler Room à Dekmantel en 2018

Si la trance a fini par s’étioler à la fin des années 90 / début 2000, devenue trop commerciale dans sa version Eurodance pour continuer de faire danser l’underground. Peut-être un peu trop naïve aussi pour l’époque « minimale » des 00s au style beaucoup plus agressif et dépouillé. L’âge d’or de cette musique nous laissera quand même un hit inter-planétaire. Un son fantastique du producteur italien, aujourd’hui décédé, Robert Miles. UN BIJOU. Mais si tu connais...

C’est tout pour moi. A dans 2 semaines, je vous laisse avec la playlist et la version originale de ce titre.

Bises,

Allez Làààà

Par romain brignier